28ème Dimanche Année C
Pourquoi Jésus opère-t-il des miracles ?
Guérir et Sauver. Santé et Salut
En ce 28e dimanche du Temps de l'Eglise, nous sommes invités à méditer sur les miracles de Dieu et du Christ :
- dans la première lecture avec la guérison miraculeuse d'un général syrien lépreux Naaman
- et dans l'Évangile avec 10 lépreux qui se présentent au Christ lui demandant qu'Il les prenne en pitié.
Un bilan de l’étendue des miracles de Dieu et du Christ :
Nous constatons que Dieu opère ici des miracles sur des personnes humaines mais si nous faisions le bilan de tous les miracles que Dieu le Père, et Son Fils Jésus ont opérés, nous serions d’autant plus émerveillés :
le Christ opère des miracles sur les substances intellectuelles séparés négatives (c'est-à-dire sur les démons) : nous le voyons en effet exorciser des possédés.
le Christ opère également des miracles sur les astres : alors qu'Il est en Croix au cours de de la Passion, l’Evangile nous relate que « les ténèbres s'étendirent sur la terre jusqu’à la 9ème heure et le soleil s'obscurcit ».
Le Christ ressuscité opère encore aujourd'hui des miracles sur les astres par exemple à Fatima lorsque devant des milliers de personnes en 1917 le soleil se met dans le ciel comme à danser.
Il veut ainsi nous montrer Sa divinité et Sa seigneurie sur tout ce qu’il a créé.
le Christ opère donc également des miracles sur les humains : ici des lépreux mais aujourd'hui encore : je me souviens lorsque j'étais curé d’Etang sur Arroux avoir invité le père Descouvemont, un prêtre-écrivain et conférencier remarquable vulgarisateur d’une saine théologie-. Il était venu nous faire une conférence sur les miracles du Christ et il était accompagné d'une petite religieuse bretonne qui avait été atteinte d'une sclérose en plaques et miraculé. Elle nous avait expliqué dans une humilité confondante comment le Christ l’avait guérie de sa maladie particulièrement éprouvante en la libérant par un miracle au cours d'une nuit où n'en pouvant plus et pleurant elle s'était assise dans un escalier et avait imploré le Christ. Un instant, elle avait ressenti une chaleur intense : elle perçut qu'elle était guérie et sa santé était recouvrée.
Le Christ opère également des miracles sur les créatures qui n'ont pas de raison : l'Évangile nous rappelle qu'un jour en maudissant un figuier celui-ci s’était asséché et ne portait plus de fruits. Aujourd'hui encore et au cours des siècles le Christ ressuscité opère des miracles impressionnants comme par exemple un miracle eucharistique dans le Jura dans le village de Favernay les 26 et 27 février 1608 où au cours d'une adoration eucharistique un feu s'était déclenché dans une chapelle et un ostensoir - dans lequel était exposé l’Hostie - était resté pendant plus de 36 heures comme suspendu dans l’air. Un jeune protestant Frédéric Vuillard suivant la foule prévenue et venant de la ville proche de Vesoul avait été mis au courant de ce miracle et il était rentré plus de 30 fois dans l'église totalement troublé pour constater à chaque fois que l'ostensoir flottait comme dans les airs avec son bras, il avait même opéré à plusieurs reprises un tour complet en dessous et au-dessus de cet ostensoir afin de vérifier que aucun fil n’avait été placé pour maintenir l’ostensoir dans les airs). Il s’était converti et était revenu dans l’Eglise.
Nous constatons donc que les miracles que le Christ opère selon une première finalité : celle de révéler Sa divinité et Sa seigneurie sur Sa création.
Pourquoi Jésus opère-t-il des miracles ? Guérir et Sauver. Santé et Salut
Le 1er motif est de rompre, de briser un éventuel orgueil intellectuel, un rationalisme rigide qui pourrait nous limiter intérieurement. Il vient également illuminer un ritualisme liturgique qui pourrait n'être qu'une mécanique et il nous révèle ainsi qu'il est présent au cœur des rites qu'il a lui-même institués : les sacrements.
Jésus utilise donc le miracle pour mettre en crise notre raison, nos connaissances, notre science dans notre tentative de vouloir tout expliquer.
Mais nous pourrions nous arrêter là : nous pourrions nous arrêter à l'effet corporel et matériel de ce miracle, de cette seigneurie du Christ sur le créé. Nous pourrions nous contenter de nous émerveiller de l'impact physique et corporel : ici la santé retrouvée chez les 10 lépreux.
2nd motif : pourtant Naaman et le lépreux samaritain nous montre une action de la grâce qui dépasse le créé et qui est désiré et attendu par le Christ :
Naaman veut remporter de la terre d'Israël de la terre de la Terre Sainte pour se constituer dans son pays la Syrie un lieu d'adoration de Dieu : « je ne veux plus offrir ni holocauste ni sacrifice à d'autres dieux qu'au Dieu d'Israël » déclare-t-il.
et le samaritain miraculé revient « glorifiant Dieu à pleine voix », l'Évangile nous dit qu'il « se jeta la face contre terre au pied de Jésus ».
Le miracle n'a donc pas pour finalité uniquement de nous faire recouvrer une santé déficiente mais de nous rendre participants du salut et de l'adoration de Dieu et du Christ.
Il a donc un double effet :
un effet extérieur qui est matériel et physique : il y a un changement dans le corps.
mais il y a également un effet intérieur dans l'âme. L’âme connaît un changement qualitatif, elle est enrichie de la vertu de foi : il y a une illumination de notre faculté d’intelligence, chez celui qui est guéri comme chez celui qui constate le miracle.
La faculté d’intelligence, la volonté et la mémoire sont marqués ontologiquement de la présence divine.
La finalité du miracle est donc bien de guérir les corps et de sauver les âmes.
C'est ce que le Christ dit « Relève-toi et va, ta foi t'a sauvé ».
L’effet extérieur corporel touche un des 5 sens externes et éventuellement un des 4 sens internes de l’âme.
Et un effet intérieur sur les facultés spirituelles de l’âme (intelligence, volonté c'est-à-dire notre capacité d'aimer, et sur notre mémoire qui sont marquées par cette présence de Dieu qui agit).
Jésus veut donc également illuminer la partie supérieure de notre âme pour inhabiter, demeurer en nous.
L’obex : un empêchement à l’action de la grâce en l’âme :
Jésus nous montre donc que l'effet de sa grâce est allé à son terme chez le samaritain et non pas chez les 9 autres lépreux. Nous touchons ici à la question de l'obex. L'obex en théologie c'est l'empêchement que nous pouvons mettre dans notre âme à l'action de Dieu, un empêchement qui peut nuire à l’action de la grâce divine en nos âmes et ne pas permettre à Dieu d'aller jusqu'au terme de sa volonté de nous sauver. Pas simplement une guérison du corps mais également le salut de l'âme.
L’obex peut comprendre un blocage psychologique, un égoïsme, une ingratitude, de l'orgueil consécutif à une trop grande rationalité et surtout un refus de se convertir.
Le miracle vise à nous associer à la louange éternelle de l’Eglise envers Dieu.
Jésus veut donc également nous associer à la joie spirituelle, à la louange éternelle du Ciel.
La plus grande joie que Dieu veut nous procurer ce n'est pas simplement celui d'un rétablissement de notre corps dans ses fonctions organiques (nous savons d’ailleurs que nous mourrons un jour et que nous perdrons l’usage de nos sens corporels qui sont attachés à des organes sensoriels) ; mais il vise à nous faire participer à une plus grande joie : au salut par la foi et la confiance en Lui.
Comprenons bien : nous ne devons pas nous arrêter simplement dans un miracle à l'effet extérieur et merveilleux - qui est déjà beau et important -, mais nous devons comprendre que lorsqu'il y a miracle le Seigneur veut aller jusqu'au terme de l’action de sa grâce : nous faire trouver non pas simplement la santé mais également le salut.
Prenons une comparaison simple : imaginons un coureur du Tour de France qui est assoiffé et dont le corps est en limite de rupture. Des spectateurs lui offre à boire : il s'arrête et boit, boit et boit. Il est tellement pris par ce bienfait qu'il en oublie la ligne d'arrivée.
Pour le miraculé, ou celui qui est témoin d’un miracle, il en est de même : il est possible d’oublier que nous sommes créés pour atteindre la ligne d’arrivée : la Porte du Ciel.
Le salut de l'âme voilà quel est le but : finalité ultime du miracle.